Mes parents
Adrien Leblanc et Laurette Daviault (2)
Par Réjeanne Leblanc (auteure) & Gilles Guénette (co-auteur). Nous sommes en 1940, la guerre fait rage en Europe. À Ferme-Neuve, les deux fils d’Adolphe, Cyrille et Adrien, opèrent la scierie depuis quelques années. Ma grand-mère Lucia, gravement malade, décède en 1941 à l’âge de 69 ans. En 1944, Adolphe, âgé de 77 ans, vend sa scierie à ses deux fils. L’avenir de la scierie et des deux familles est assuré.
Mes parents Adrien et Laurette se marient à Mont-Laurier en 1942. Évènement inusité, le mariage est célébré à 6 heures du matin, à la cathédrale. Mais pourquoi se marier si tôt le matin, demanderez-vous? C’est qu’après un vin d’honneur et une courte cérémonie, le jeune couple n’ayant pas de voiture doit prendre le train de 8 heures pour leur voyage de noces. Le prix du billet pour Montréal est de 4,50$ par personne. Quelle aubaine, vous vous dites! En valeur de l’époque, ce n’est sûrement pas une aubaine.
Rendu à Montréal, le voyage se poursuit jusqu’à Québec, toujours en train. Après une courte visite à Stanislas, le frère d’Adrien, télégraphiste et chef de gare à Pont-Rouge, le couple revient à Montréal par bateau. De là, ils prennent le train jusqu’à Maniwaki en passant par l’Outaouais, avec un arrêt à Ottawa. Si la voie ferrée arrive à Mont-Laurier en 1909, elle existe depuis 1904 à Maniwaki. Le trajet Maniwaki-Mont-Laurier se fait en taxi. Pour obtenir un tarif de 3$, il faut embarquer plusieurs passagers. Pour l’époque, parcourir cette immense distance en train, bateau et taxi est un véritable marathon, car ce voyage de noces est bouclé en onze jours. Adrien doit être de retour au travail le lundi matin. En ce temps lointain, pour de jeunes mariés, effectuer un pareil voyage tient plus à l’exception qu’à la règle.
Je nais onze mois après le voyage de noces de mes parents. À cette époque, le nombre de mois écoulés entre le jour du mariage et le jour de la première naissance est rigoureusement calculé, car l’Église veille au grain, pour ne pas dire au péché. Puis, coup sur coup arrive la naissance de Micheline suivie de près par celle de Pauline. Laurette ne chôme pas avec ses trois bébés: un mois, un an et deux ans.
Laurette possède des doigts de fée. Elle est une couturière très habile, dextérité héritée de sa mère et sa grand-mère. Ce savoir-faire, elle le transmettra à ses cinq filles. En plus de tenir maison, ma mère coud et tricote énormément. Les salaires sont bas et les gens recyclent beaucoup. Ma mère ne fait pas exception. Par exemple, elle découd les vêtements d’adulte et les recoupe pour confectionner des robes pour ses fillettes. Elle taille des taies d’oreiller dans les sacs blancs de farine. Ce tissu est adouci par plusieurs lavages, puis enjolivé de fines broderies, avec un rendu artistique. Il n’y a que la laine qui est achetée pour les bas et les petites robes tricotées ou crochetées.
Le travail de papa débute très tôt le matin et la journée se prolonge tard en soirée pour préparer les billots qui seront sciés le lendemain. Adrien est toujours présent aux repas. Il n’a qu’à traverser le ruisseau des Journalistes par une passerelle, située juste à l’entrée sud de Ferme-Neuve.
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